J'écrirai des poèmes, j'écrirai des chansons.
Tant que la vie c’est vrai dans tout son ridicule
S’habillera de l’injuste ou bien du merveilleux
Que mon envie d’gueuler ou de rire déambule
Pour une cause perdue ou un instant précieux
Tant que l’occidental lavera ses étrons
A l’eau potable et claire et que son voisin lui
Traversera la mer dans d’ignobles conditions
En gauchiste ordinaire, je ne peux que dire oui
J’écrirai des poèmes, j’écrirai des chansons
Tant que tous mes absents se f’ront passer pour morts
Que ma plume bavarde leur chatouill’ra les pieds
Que le manque se chang’ra en divin réconfort
Et que mes yeux souvent s’en tapent de pleurer
Tant qu’mes pulsions s’expriment en un souffle vital
Et que ton corps en est la parfaite expression
Et tant que nos faiblesses seront originales
Pour soigner les amis et emmerder les cons
J’écrirai des poèmes, j’écrirai des chansons
Tant qu’à paraître absurde infiniment têtu
Je rongerai mes rêves comme un chien ronge un os
Le grand soir est précoce quand les anges sont déchus
Il visite sa défaite mais toujours en carrosse
Tant que j’aurai besoin de convoquer l’enfance
En trésor en secours dans ce bazar sans nom
Que ma raison appelle ma folie résilience
Que la joie gagne toujours à la fin toute façon
J’écrirai des poèmes, j’écrirai des chansons
Tant que la poésie jouera les inutiles
A se vêtir de rien pour bâtir sa tribu
Et que la norme fourbe, le préjugé facile
Tour à tour me diront : putain si j’avais su
Si j’avais su qu’un jour je serai devant vous
A déballer mon âme à défaut de mes fesses
Et qu’avec pas grand chose on est capable de tout
Pourvu qu’on ait la force mêlée à la tendresse
J’écrirai des poèmes, j’écrirai des chansons
L'appel du large
Je suis l’homme du bout des pointes
Fasciné par le large
Celui qui rêve avec ses craintes
De rester bloqué dans la marge
Mes pupilles sont ce phare
Ce petit bout de plus loin
Ce flux et reflux d’histoire
C’est possible c’est demain
Tant pis pour la falaise
Je continue de ramer
La brise est une braise
Et mes ailleurs vont s’allumer
Partir, partir partir
Mais où aller
Quelle histoire à écrire
Quelle falaise à quitter
J’ai tant de rages ici
Qui n’demandent qu’à danser
Un besoin de survie
Vive allure se tailler
Se rêver en héros
Coquille de chalutier
Archétype du matelot
Personnage de BD
Viser le soleil ou même que dalle
S’en aller en bande à la pêche
Renouer le désir ancestral
De toujours jouer avec la brèche
Être ces mômes pêcheurs de rêve
Juste l’idée c’est déjà bien
Et p’têtre même sans quitter la grève
Si t’as l’envie t’es d’jà marin
Je suis le fleuve impassible
Je suis le délire de Rimbaud
Je suis l’écopeur de mes sensibles
Je suis ces gosses sur la photo
Je suis l’odeur du poiscaille
J’ai la poésie de criée
Mais quand navale est la bataille
Trop souvent j’aime me saborder
Je suis le contraste noir et blanc
Je suis de lac ou démonté
Et dite-moi vous la remonter quand
Je veux voir la mer pour avancer
Se rêver en héros
Jusqu’à noyer ses doutes
La déferlante de trop
Qu’enfin mon âme s’écoute
Se rêver en super matelot
Putain c’est con ch’ais pas nager
Au bar du port s’remettre à flot
Écume de bière sur vent salé
En marge de la page
Un bout de moi toujours dessine
C’est peut-être ça l’appel du large
L’embrun qui chatouille mes narines